« On est sûr de rien, mais on espère tout ! »
La famille Penchenat habite à Montgaillard. Jean-Pierre et Monique ont huit enfants : Myriam, 26 ans, Aurélie, 24 ans, Mélanie, 21ans, Grégory, 19 ans, Ludovic, 18 ans, Matthieu, 14 ans, Florent 9 ans et Samuel, 8 ans… C’est une expérience de famille riche et profonde qu’ils nous partagent.
SDV : Jean-Pierre, Monique, pouvez-vous nous partager votre histoire de famille…
Jean-Pierre : Je suis issu d’une famille de 11 enfants et Monique, de 5 enfants. Nous sommes mariés depuis 27 ans. Nous nous sommes rencontrés au Pèlerinage militaire à Lourdes. On a voulu donner dès le départ une tonalité mariale à notre couple, dans l’idée de fonder u foyer chrétien.
Monique : on n’avait pas du tout l’idée de fonder une famille nombreuse. On voulait seulement avoir des enfants. On s’est fréquenté durant une année. Et notre relation s’est concrétisée par le sacrement du mariage. La venue de notre première enfant a été un moment très fort et très intense. Aussi, chacun d’eux fût désiré et attendu avec beaucoup de joie. Notre amour s’est fortifié par nos enfants.
Jean-Pierre : la situation matérielle n’était pourtant pas très stable quand nous nous sommes mariés, mais on a voulu privilégier notre amour, avant tout !
SDV : Quels sont les bonheurs quotidiens à vivre avec vos huit enfants ?
Monique : Pour moi, lorsque tout le monde est réuni autour de la table, ou pour les fêtes de famille ou de fin d’année… Quand les grandes sont rentrées le week-end et qu’elles passent de longues soirées à échanger ou s’occupent des plus petits sans qu’on leur demande rien, voilà des moments de bonheur. Je pense aussi le matin lorsque les petits nous appellent pour se lever ! Je me rappelle du jour où Florent et Samuel se sont pris par la main pour aller jusqu’à la maison voisine de papi et mamie, c’était très émouvant…
Jean-Pierre : Chacun des huit enfants a son tempérament. Samuel par exemple a mis longtemps à parler. Aujourd’hui, il dit chaque jour un mot nouveau, et c’est chaque fois un émerveillement ! Mais c’est vrai que ce qui apporte beaucoup de joie et de satisfactions, c’est les temps d’échange gratuits, surtout avec les grands quand ils demandent conseil dans le dialogue et la confiance. C’est souvent au moment de la prière en famille que chacun respecte, même si c’est souvent agité, que les choses importantes sont échangées. Le Seigneur se sert souvent de ce temps du chapelet pour que celui qui a un problème puisse l’exprimer. Nous sommes aussi profondément heureux de voir les enfants qui vivent leur foi, chacun selon sa sensibilité et son charisme… La musique et le chant sont de bons moments à vivre avec nos enfants.
SDV : Il doit aussi y avoir des difficultés… Ce n’est pas simple aujourd’hui d’éduquer des enfants…
Jean-Pierre : D’abord, on ne peut pas donner matériellement tout ce que chacun souhaite : il faut faire des choix et établir des priorités. Il faut aussi s’oublier soi-même pour répondre aux demandes et aux attentes des enfants. C’est très lourd par exemple d’assumer les transports. On habite à la campagne, et pour la moindre activité, le moindre rendez-vous, il faut prendre la voiture. Et le temps passe si vite, on aimerait tant vivre davantage de choses avec chacun !
Monique : Chaque enfant a ses problèmes et c’est une blessure chaque fois que l’un traverse une épreuve… Heureusement que nous bénéficions du soutien et de l’aide de mouvements éducatifs comme le MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes ndlr) ou bien de la communauté des Béatitudes. Mais ce qui nous fait aussi peur maintenant que les enfants grandissent, c’est de les voir s’éloigner et prendre leur envol…
SDV : N’est-ce pas difficile de conjuguer vie du couple et vie familiale ?
Monique : On essaye toujours de préserver chaque jour un moment bien à nous. La maison nous le permet.
Jean-Pierre : Ce qu’on a trouvé super, c’est la fête surprise que Myriam, ses frères, ses soeurs et ses cousins ont organisée pour nos 20 ans de mariage… On n’a rien su des préparatifs 7 mois durant. Tous les participants nous ont offert un voyage de 8 jours aux Baléares ! Beaucoup d’émotions ! L’on donne beaucoup mais ils nous donnent plus encore.
SDV : Comment percevez-vous la place de la famille dans la société ?
Jean-Pierre : C’est d’abord le premier élément structuré dans la société. La cellule familiale équilibrée apporte une stabilité, non seulement économique mais aussi humaine et spirituelle. Elle permet aussi un lien entre générations puisque chacun a sa place, quel que soit son âge. Et puis, les enfants nous donnent mille ouvertures sur la société à cause des relations qui se tissent avec d’autres parents, à travers l’école, le sport. Notre tissu relationnel s’élargit grâce à la famille. Et puis, j’ajoute aussi que la vie de la paroisse, de l’Eglise, de la société civile et le bénévolat sont nécessaires à la vie familiale, comme les familles sont nécessaires à la société. Je suis convaincu également que les familles chrétiennes ont un témoignage à apporter dans la société, dans un esprit de service et d’apostolat.
SDV : Avec le recul, comment voyez-vous aujourd’hui le sacrement du mariage ?
Monique : C’est un engagement sérieux que l’on découvre au fil des ans. Je n’imaginais pas la portée de mon OUI à 20 ans ! Parce que nous avons traversé des situations difficiles…
Jean-Pierre : Ce qui est pour moi sacré dans le mariage, c’est la confiance qu’on peut accorder à son conjoint, et à travers lui, à Dieu. Et pour nous, la confiance en Dieu a été la solution à bien des problèmes. Et je le dis avec beaucoup de conviction, après de nombreuses expériences.
Monique : Je crois que le mariage est une vocation aussi exigeante que la vie consacrée ou le ministère de prêtre. Mais l’engagement du sacrement, voilà ce qui est le ciment dans le couple !
Jean-Pierre : C’est Dieu qui donne sa grâce… Le OUI du mariage n’est pas une contrainte mais c’est vraiment une joie profonde : la fidélité comme l’engagement définitif nous libèrent. Répondre à notre vocation, j’en suis convaincu, c’est correspondre à notre bonheur et correspondre au bonheur que Dieu veut nous donner.
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