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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 12:07

Gérard Soulié est curé pour l'ensemble des paroisses du carmausin dans le Tarn. Il a accepté de répondre à nos questions, pour partager quelques tranches de vie et quelques convictions.

 


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Père Gérard Soulié, vous êtes prêtre depuis 1965. Comment cette aventure a commencé ? 

Père Soulié : Dès ma plus jeune enfance j'ai exprimé mon désir d'être prêtre. Mes parents ont favorisé le développement de cette vocation, en me scolarisant au petit séminaire, à Rodez. Au moment d'entrer au Grand Séminaire, j'ai rejoint le diocèse d'Albi, puisque j'étais de Carmaux.

 

·        Dans vos différents ministères, qu'est-ce qui vous a particulièrement marqué ?

Père Soulié : Il est difficile de répondre à cette question ; un observateur extérieur serait mieux placé pour cela. D'un point de vue assez subjectif je dirais, par exemple, qu'être aumônier de lycée juste après les études au Grand Séminaire, est un bon laminoir pour apprendre à dire la foi en un langage de jeunes. Chacun des différents ministères a ainsi apporté sa marque spécifique. Mais il me semble qu'une constance se retrouve en tous : les amitiés profondes liées avec des confrères, et des personnes très diverses rencontrées dans l'exercice de ces ministères. Cette amitié se double d'un très grand enrichissement de ma propre foi au contact de leur vie de foi.

 

·        Quelles sont les plus grandes joies du prêtre que vous êtes ?

Père Soulié : Certainement d'être, comme tout prêtre, le témoin privilégié de l'action de Dieu dans le cœur des personnes. L'accompagnement d'adultes vers le baptême est de ce point de vue particulièrement réconfortant.

 

 

·      On imagine aisément les obstacles pour être prêtre aujourd'hui. Est-ce que les difficultés qu'on prête à ce choix de vie (le célibat ; l'indifférence religieuse ; la crise du renouvellement des vocations...) sont celles qui sont les plus réelles, les plus lourdes ?

Père Soulié : Cette crise ne touche pas que les vocations sacerdotales et religieuses. Dans notre vieille Europe, elle atteint plus largement tous les corps de métier qui sollicitent la générosité, le dévouement, le service, le don de soi. Par exemple, il manque des médecins, des infirmières, surtout dans les zones défavorisées. C'est donc à ce niveau très profond qu'il faut situer le problème.

 

·      Qu'est-ce qui aujourd'hui encore peut donner envie à un jeune d'être prêtre, selon vous ?

Père Soulié : En cohérence avec ce qui précède ce serait de développer le sens du don de soi, du service, sans oublier que ce désir ne peut naître que grâce au "maître intérieur", l'Esprit Saint. Il est significatif que Jésus, devant l'abondance de la moisson nous invite à prier le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson, et non de faire des journées doubles. Il faudrait ajouter : les prêtres ne sont pas les seuls "ouvriers". Le Seigneur continue certainement d'envoyer des ouvriers à sa moisson ; c'est peut-être nous qui ne savons pas les reconnaître.

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 00:14

Diocèse (p. 11)

Il y a un peu plus de dix ans, le 1er avril 1998, nous quittait le chanoine Lucien Gaben. Le relais d’Église du quartier Sainte-Carême à Albi a organisé en novembre une veillée de prière pour les vocations à la cathédrale Sainte-Cécile. L’occasion d’y réentendre l’appel que le père Gaben avait lancé à la messe d’action de grâce pour ses 60 ans de sacerdoce, le 11 mai 1997 : « Il faut que ça suive ! ». En voici quelques extraits.

 

« Le jour de ma première messe, quelques jours après l’ordination, m’adressant aux enfants de chœur, aux enfants des patronages qui étaient nombreux, à tous ces jeunes dont j’avais partagé les joies et les peines, je disais : « Voilà encore quelques semaines et je vais vous quitter. J’irai là où Monseigneur l’Archevêque m’enverra… Mais il faudra que, parmi vous, il y ait des gars qui me remplacent… Il faut assurer la relève, il faut qu’il y ait des vocations de jeunes, il faut que ça suive… » Je leur disais aussi : « Il faut réussir sa vie, il faut qu’il y ait de l’amour, beaucoup d’amour. Il faut qu’il y ait le don de soi, il faut lutter contre l’égoïsme et toutes ses manifestations… Il faut avoir le souci de donner, de se donner et de partager. »

 

Aujourd’hui, avec plus d’autorité, soixante ans après, je redis la même chose… Répondre à l’appel du Seigneur, ce n’est pas sans difficultés, ce n’est pas sans risques, mais ce n’est pas sans joies, car le Christ n’est pas un patron ; c’est un ami, il vous aidera. Une paroisse, ce n’est pas seulement une organisation, une église, encore qu’elle soit très belle, la nôtre, et que nous en soyons très fiers. La véritable Église, les pierres vivantes, c’est vous : vous chrétiens, vous baptisés, vous qui vivez dans cette communauté. Peuple de Dieu, nous avons à l’égard des uns et des autres à distribuer de l’amour et, si possible, à le donner dans la joie. C’est un service et une attention aux autres. Il faut partager ses joies, il faut partager ses peines, être attentifs les uns aux autres, aux deuils, à la souffrance, à la maladie. Le prêtre n’est pas un étranger à la vie de nos communautés. Il reste un cœur libre. Il n’a pas d’enfant à lui, de son sang, mais ses enfants, ce sont les vôtres.

 

Je pense à tous ces prêtres qui ont marqué ma vie… Je pense aux vicaires de la cathédrale, à tous ceux avec qui j’ai partagé le travail pastoral… Je leur dis merci… Je pense à ceux de notre équipe. Je les remercie pour leur patience, nos communautés de vue, de travail, d’amitié, pour l’amour fraternel… Oui, ça vaut le coup de vieillir dans la joie, en marchant vers la « jeunesse ». J’entre dans la dernière étape… avec votre amitié, avec votre prière surtout. Je vous dis merci, du fond du cœur. Et je vous redis : il faut que ça suive ! »

 

 

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16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 00:21
On les appelle communément « les enfants de chœur ». Aujourd’hui, les servants d’autel retrouvent une place importante dans la liturgie et dans la vie des paroisses.

 

            Dans les paroisses où des servants d’autel sont actifs, on trouve rapidement nombre d’avantages à proposer à des enfants et à des jeunes de se mettre au service de l’autel. Leur présence donne vie et chaleur à la vie liturgique de la communauté chrétienne, aussi bien la messe dominicale que les célébrations de baptêmes et de mariages. La liturgie prend une ampleur nouvelle, et les enfants eux-mêmes se retrouvent acteurs dans les rites qui restent souvent abstraits et extérieurs pour ceux qui ne sont pas initiés.

 

            Pas question de ressusciter les soutanelles rouges avec une ribambelle de gamins, ne servant qu’à remplir le sanctuaire de l’église, tels des pots de fleurs qui disent « Amen » en restant inertes et inactifs. Bien au contraire, le service de l’autel s’est décidément bien adapté à la liturgie issue du concile Vatican II. Il donne à la liturgie et spécialement à la messe un caractère festif et solennel qui honore le mystère célébré. Oui, « il est digne et juste de te louer, Seigneur, pour ta Majesté infinie. » Et les rites vont parler et être efficaces dans la mesure où ils permettront d’entrer dans le Mystère de la foi.

 

            La mission du servant d’autel est avant tout initiation à la liturgie de l’Eglise. C’est en comprenant vraiment les rites et les sacrements que l’Eglise célèbre qu’il peut entrer, par son engagement, dans une dynamique de foi vraie et profonde. Soulignons que, si autrefois le service de l’autel était confié à de jeunes garçons, ce qui reste une manière traditionnelle de voir le service de l’autel, il est aujourd’hui largement proposé à des jeunes garçons et filles, et il est très encourageant de constater que même des adolescents, parfois des adultes accomplissent cette fonction liturgique avec assiduité et fidélité pendant de nombreuses années.

 

            L’aube blanche que le servant revêt pour accomplir son office dans la liturgie est le vêtement qui rappelle celui du baptême. Les baptisés, au nom de leur sacerdoce baptismal sont amenés à célébrer le Seigneur : la lecture de la Parole de Dieu, le chant, le service de l’autel sont des tâches baptismales par excellence. La croix remise au servant lui rappelle l’amour du Christ qui a aimé les hommes jusqu’à donner sa vie pour eux, et cette croix l’invite aussi à donner le meilleur de lui-même pour vivre son baptême dans la mission qui lui est confiée.

 

            Le service de l’autel a longtemps été une pépinière pour les vocations sacerdotales. Ce lieu et cet engagement en Eglise reste un lieu privilégié pour que résonne au cœur l’appel du Seigneur. Aujourd’hui encore, les jeunes servants d’autel découvrent dans la liturgie Celui qui appelle chacun à le suivre. L’essentiel est de permettre à chaque jeune de découvrir sa vocation chrétienne, et d’apprendre à répondre au Seigneur avec générosité et fidélité parce que le Christ ne nous appelle qu’au BONHEUR !

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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 21:32

«  On est sûr de rien, mais on espère tout ! »


 

La famille Penchenat habite à Montgaillard. Jean-Pierre et Monique ont huit enfants : Myriam, 26 ans, Aurélie, 24 ans, Mélanie, 21ans, Grégory, 19 ans, Ludovic, 18 ans, Matthieu, 14 ans, Florent 9 ans et Samuel, 8 ans… C’est une expérience de famille riche et profonde qu’ils nous partagent.

 

SDV : Jean-Pierre, Monique, pouvez-vous nous partager votre histoire de famille…

Jean-Pierre : Je suis issu d’une famille de 11 enfants et Monique, de 5 enfants. Nous sommes mariés depuis 27 ans. Nous nous sommes rencontrés au Pèlerinage militaire à Lourdes. On a voulu donner dès le départ une tonalité mariale à notre couple, dans l’idée de fonder u foyer chrétien.

Monique : on n’avait pas du tout l’idée de fonder une famille nombreuse. On voulait seulement avoir des enfants. On s’est fréquenté durant une année. Et notre relation s’est concrétisée par le sacrement du mariage. La venue de notre première enfant a été un moment très fort et très intense. Aussi, chacun d’eux fût désiré et attendu avec beaucoup de joie. Notre amour s’est fortifié par nos enfants.

Jean-Pierre : la situation matérielle n’était pourtant pas très stable quand nous nous sommes mariés, mais on a voulu privilégier notre amour, avant tout !

 

 

SDV : Quels sont les bonheurs quotidiens à vivre avec vos huit enfants ?

Monique : Pour moi, lorsque tout le monde est réuni autour de la table, ou pour les fêtes de famille ou de fin d’année… Quand les grandes sont rentrées le week-end et qu’elles passent de longues soirées à échanger ou s’occupent des plus petits sans qu’on leur demande rien, voilà des moments de bonheur. Je pense aussi le matin lorsque les petits nous appellent pour se lever ! Je me rappelle du jour où Florent et Samuel se sont pris par la main pour aller jusqu’à la maison voisine de papi et mamie, c’était très émouvant…

Jean-Pierre : Chacun des huit enfants a son tempérament. Samuel par exemple a mis longtemps à parler. Aujourd’hui, il dit chaque jour un mot nouveau, et c’est chaque fois un émerveillement ! Mais c’est vrai que ce qui apporte beaucoup de joie et de satisfactions, c’est les temps d’échange gratuits, surtout avec les grands quand ils demandent conseil dans le dialogue et la confiance. C’est souvent au moment de la prière en famille que chacun respecte, même si c’est souvent agité, que les choses importantes sont échangées. Le Seigneur se sert souvent de ce temps du chapelet pour que celui qui a un problème puisse l’exprimer. Nous sommes aussi profondément heureux de voir les enfants qui vivent leur foi, chacun selon sa sensibilité et son charisme… La musique et le chant sont de bons moments à vivre avec nos enfants.

 

SDV : Il doit aussi y avoir des difficultés… Ce n’est pas simple aujourd’hui d’éduquer des enfants…

Jean-Pierre : D’abord, on ne peut pas donner matériellement tout ce que chacun souhaite : il faut faire des choix et établir des priorités. Il faut aussi s’oublier soi-même pour répondre aux demandes et aux attentes des enfants. C’est très lourd par exemple d’assumer les transports. On habite à la campagne, et pour la moindre activité, le moindre rendez-vous, il faut prendre la voiture. Et le temps passe si vite, on aimerait tant  vivre davantage de choses avec chacun !

Monique : Chaque enfant a ses problèmes et c’est une blessure chaque fois que l’un traverse une épreuve… Heureusement que nous bénéficions du soutien et de l’aide de mouvements éducatifs comme le MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes ndlr) ou bien de la communauté des Béatitudes. Mais ce qui nous fait aussi peur maintenant que les enfants grandissent, c’est de les voir s’éloigner et prendre leur envol…

 

SDV : N’est-ce pas difficile de conjuguer vie du couple et vie familiale ?

Monique : On essaye toujours de préserver chaque jour un moment bien à nous. La maison nous le permet.

Jean-Pierre : Ce qu’on a trouvé super, c’est la fête surprise que Myriam, ses frères, ses soeurs et ses cousins ont organisée pour nos 20 ans de mariage… On n’a rien su des préparatifs 7 mois durant. Tous les participants nous ont offert un voyage de 8 jours aux Baléares ! Beaucoup d’émotions ! L’on donne beaucoup mais ils nous donnent plus encore.  

 

SDV : Comment  percevez-vous  la place de la famille dans la société ?

Jean-Pierre : C’est d’abord le premier élément structuré dans la société. La cellule familiale équilibrée apporte une stabilité, non seulement économique mais aussi humaine et spirituelle. Elle permet aussi un lien entre générations puisque chacun a sa place, quel que soit son âge. Et puis, les enfants nous donnent mille ouvertures sur la société à cause des relations qui se tissent avec d’autres parents, à travers l’école, le sport. Notre tissu relationnel s’élargit grâce à la famille. Et puis, j’ajoute aussi que la vie de la paroisse, de l’Eglise, de la société civile et le bénévolat sont nécessaires à la vie familiale, comme les familles sont nécessaires à la société. Je suis convaincu également que les familles chrétiennes ont un témoignage à apporter dans la société, dans un esprit de service et d’apostolat.

 

SDV : Avec le recul, comment voyez-vous aujourd’hui le sacrement du mariage ?

Monique : C’est un engagement sérieux que l’on découvre au fil des ans. Je n’imaginais pas la portée de mon OUI à 20 ans ! Parce que nous avons traversé des situations difficiles…

Jean-Pierre : Ce qui est pour moi sacré dans le mariage, c’est la confiance qu’on peut accorder à son conjoint, et à travers lui, à Dieu. Et pour nous, la confiance en Dieu a été la solution à bien des problèmes. Et je le dis avec  beaucoup de conviction, après de nombreuses expériences.

Monique : Je crois que le mariage est une vocation aussi exigeante que la vie consacrée ou le ministère de prêtre. Mais l’engagement du sacrement, voilà ce qui est le ciment dans le couple !

Jean-Pierre : C’est Dieu qui donne sa grâce… Le OUI du mariage n’est pas une contrainte mais c’est vraiment une joie profonde : la fidélité comme l’engagement définitif nous libèrent. Répondre à notre vocation, j’en suis convaincu, c’est correspondre à notre bonheur et correspondre au bonheur que Dieu  veut nous donner.

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8 septembre 2008 1 08 /09 /septembre /2008 13:58

Le père Philippe Curbelié est l’un des directeurs du Séminaire Saint-Cyprien de Toulouse. À la lumière de son expérience, il nous livre de façon concise son regard sur les jeunes qui demandent à être accompagnés et sur les fruits de ce compagnonnage.

 

Père, quel est le profil des jeunes qui sont en recherche ? Quel est aussi celui de ceux qui demandent à être accompagnés ?

En réponse à votre première question, il me semble délicat d’établir un portrait-type. Chaque jeune, qu’il en soit ou non conscient, a soif de rencontrer le Christ et de trouver un sens à donner à sa vie. Plus profondément et antérieurement à cette recherche, Dieu lui-même est en quête permanente de chacun de nous. Parmi les jeunes qui demandent un accompagnement, ceux qui ont connu une expérience spirituelle – personnelle et ecclésiale – suffisamment marquante, ainsi que ceux qui ont accepté de prendre un engagement durable me paraissent être parmi les plus demandeurs. Sans doute peut-on noter aussi un désir plus grand d’accompagnement chez les filles que chez les garçons, qui traduit leur sens plus aigu de l’intériorité et du mystère de la vie.

 

Quelles sont les fragilités que vous percevez aujourd’hui chez les jeunes qui demandent un accompagnement ?

Ce sont d’abord celles de toute l’humanité, les nôtres aussi ; à cet égard, ils sont comme les jeunes de toutes les époques, ni plus ni moins marqués. Il n’en demeure pas moins vrai qu’ils portent les stigmates des souffrances vives de notre temps. Parmi bien d’autres, permettez-moi d’en désigner trois : les souffrances familiales qui écornent l’image de soi et font douter de la capacité à aimer en vérité ; la réussite humaine poursuivie trop souvent au mépris de l’essentiel ; la dispersion qui empêche de percevoir le trésor divin dont on est porteur.

 

Quels sont les fruits que vous remarquez après un certain temps d’accompagnement ?

Dieu seul les connaît vraiment. Le jeune lui-même s’en rend insuffisamment compte. C’est un des buts de l’accompagnement que de l’aider à prendre conscience de la présence amoureuse, agissante et constante, de l’Esprit Saint dans sa vie.

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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 17:40

Mgr André Collini a été archevêque de Toulouse. Voici plus de 40 ans, il avait participé aux travaux du concile Vatican II. Témoin privilégié du concile pour l’avoir vécu de l’intérieur, nous l’avions rencontré en 2003 pour qu’il nous partage ses souvenirs, ses convictions et ses espérances pour l’Eglise et pour le monde.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à participer au Concile Vatican II ?

 

Mgr COLLINI : C’est très simple ! C’est parce que j’ai été nommé évêque coadjuteur de l’évêque d’Ajaccio, Mgr Llosa quelques temps avant le concile. J’ai été ordonné le 7 octobre 1962 et le 11 octobre, je me retrouvais au concile, un petit peu éberlué de ce qui m’arrivait.

 

Quels étaient les sentiments qui vous habitaient en arrivant à Rome ?

 

Mgr COLLINI : J’étais un peu préparé, parce l’archevêque de Carthage en Tunisie faisait partie de la commission préconciliaire, et il avait donc des documents préparatoires. J’étais très inquiet car cette commission qui se tenait à Rome, composée surtout d’évêques de la Curie, avait envisagé un concile extrêmement court. Elle avait préparé des documents qu’il aurait suffi d’aménager un peu ; ils avaient déjà rédigé les textes du concile qu’ils nous demandaient de voter. La première chose qui s’est passé à Rome, a été de prendre des distances avec ces documents. On nous a donné huit jours par nationalité pour faire une liste des documents, des questions que nous voulions voir traiter. Le pape Jean XXIII, à partir de ces documents, a établi un programme pour ce concile. Il l’a suivi très peu puisqu’il est décédé le 3 juin suivant. On s’est demandé si le concile serait remis en cause. Paul VI dans une de ses premières interventions a confirmé son souhait de convoquer à nouveau le Concile Vatican II. Et le concile a duré jusqu’en 1965 !

 

Les questions proposées par les évêques ont-elles pu être globalement traitées ?

 

Mgr COLLINI : Globalement oui. On a élu une commission doctrinale, plusieurs commissions pour préparer les divers dossiers. Je tiens à souligner qu’il y a eu débat tout au long des sessions. Chaque schéma était débattu, et les amendements obligeaient d’attendre jusqu’au dernier moment pour  avoir une synthèse. 

 

Y a-t-il eu des moments délicats de tension ou d’émotion particulière dans les débats ou les sessions ?

 

Mgr COLLINI : Moins violente qu’on ne l’a dit ! L’ambiance était quelquefois un peu feutrée.  Ceux qui ont pris la parole portaient un message issu des réunions en conférence épiscopale : ce qu’on appelle ainsi aujourd’hui puisque ces conférences n’existaient pas encore ! Les évêques de France se réunissaient à St Louis des Français au sous sol chaque semaine pour mettre au point notre position sur les votes à émettre. L’assemblée des évêques de France est née là !

 

La Concile a ouvert de nombreux chantiers : dialogue œcuménique et relations interreligieuses ; réforme liturgique ; apostolat des laïcs ; rapport entre l’Eglise et le monde… Qu’est-ce qui vous paraît important dans le message de Vatican II ?

 

Mgr COLLINI : Je crois que c’est ce que Vatican II a dit sur l’Eglise elle-même ; une sorte de prise de conscience de l’Eglise non pas en tant qu’institution, mais en tant que mystère. La présence continuelle de l’Esprit à travers l’histoire : L’Eglise ce n’est pas « les curés » mais le peuple de Dieu ! Cette notion de peuple de Dieu est essentielle pour comprendre Vatican II. Cela paraît tout simple aujourd’hui, mais c’était neuf à l’époque ! Ainsi le premier grand document du concile  est capital (ndlr : la constitution dogmatique Lumen Gentium).

 

 

La redécouverte de la vocation baptismale, la place des laïcs dans la communauté chrétienne donne un nouveau visage à l’Eglise. Comment, à votre avis, l’Eglise progressera-t-elle dans la fidélité au Christ ?

 

Mgr COLLINI : Je ne suis pas prophète, je ne sais pas comment l’Eglise va progresser, mais je crois que quand on lit et relit les textes de Vatican II, on s’aperçoit qu’il y a des choses qui ont besoin d’être vécues, d’être exprimées et ré exprimées encore. Sur le plan institutionnel, bien des choses sont nées grâce au Concile. Dans chaque diocèse existe un conseil épiscopal, un conseil plus large avec des laïcs. L’esprit conciliaire est aujourd’hui mieux vécu dans l’Eglise locale. Grâce à un échange d’idées, un partage de responsabilités beaucoup plus grand  se vit aujourd’hui.

 

 

Qu’est-ce qui vous semble porteur d’espérance dans « l’Eglise et le monde de ce temps » ?

 

Mgr COLLINI : Certaines choses positives. Je pense qu’on peut se demander si il n’y aura pas, sur le plan de l’organisation, des réunions d’évêques plus nombreuses par continent, des synodes continentaux et avec des représentants des communautés chrétiennes, les synodes diocésains. L’esprit synodal est vraiment né avec le concile. Mais il y a des choses à améliorer encore ici ou là ! Toutes les églises locales n’ont pas encore fait cette expérience. Il y a même eu des tensions qui ont existé ou qui existent encore : des communautés qui se veulent catholiques se réunissent en opposition au concile, ce qui est à tout fait dommageable 

 

Vous avez vécu le concile. Dans son esprit et son élan, quelle invitation feriez-vous aux chrétiens ?

 

Mgr COLLINI : D’abord, je leur dirai que la voix du laïcat s’exprime dans la vie des diocèses. Il ne faut pas regarder en arrière. Il faut maintenant envisager comment se situer dans le monde de demain. Ce n’est pas facile à vivre quelquefois. Nous avons toujours en France la tentation de nous référer à un passé de chrétienté ou l’Eglise avait de l’influence. L’idée conciliaire, ce n’est pas cela. Etre présent, actif, ce n’est pas faire à côté des choses que l’on peut faire avec d’autres laïcs, d’autres membres du peuple de Dieu. J’étais évêque avant le concile. Je vois comment les rapports entre évêques et prêtres, prêtres et laïcs, religieux et religieuses ont évolué, comment un esprit de dialogue s’est instauré partout. Les évêques jeunes ne voient pas la différence avec ce que nous avons vécu auparavant. Ils n’imaginent pas que l’on ne puisse pas travailler en assemblée d’évêques. Les conférences épiscopales sont des sortes de « conciles en miniatures ». Elles n’ont pas la prétention d’avoir l’infaillibilité mais elles font avancer les choses ! Aujourd’hui, des expériences en témoignent !

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