Les diacres sont de plus en plus nombreux dans l’Eglise de France. Leur vocation est bien spécifique. Ni « sous-prêtre », encore moins « super laïc », ils manifestent et rendent visible dans les communautés d’Eglise l’appel de l’Evangile à servir le monde et les hommes. L’appel à la vocation diaconale doit devenir le souci de tous…

Pour le diaconat permanent aujourd’hui c’est le même mouvement qui se poursuit : jeu subtil des questions, des interpellations, des demandes. La plupart de ceux qui s’engagent dans la recherche et la formation sont interpellés. Ce terme "d'interpellation" est employé au début du cheminement. Le terme « d’appel » est utilisé pour l’étape ultime, en fin de parcours de recherche et de formation. Seul l’évêque peut « appeler » ou non tel candidat qui lui est présenté.

L’interpellation est faite par un prêtre, un laïc, une communauté chrétienne qui sollicite le candidat pour un groupe de recherche. « Avez-vous pensé qu¹un jour vous pourriez être diacre ? Acceptez-vous de vous interroger avec d'autres sur le ministère du diacre ? » Cette question surprend bien souvent car, à de rares exceptions, les candidats au diaconat permanent ne se sont pas présentés d’eux-mêmes.

Pourquoi l’interpellation ?

Les raisons en sont multiples. Ce peut être, tout d’abord, la personnalité du candidat qui a motivé la démarche. Sa vie professionnelle, son engagement, social, sa vie familiale, quand il est marié, sa vie en Église donnent à voir qu’il a un profil pour un ministère ordonné. Ce serait plus son « charisme »personnel qui est pris en compte.

Pour un autre, l'interpellation est motivée par les besoins de la mission de l¹Église dans telle ou telle réalité humaine. Pour que l’évangile soit mieux annoncé le ministère diaconal, de par son adaptabilité, sa situation comme l’on dit au « seuil du monde et de l'Église » peut permettre une avancée. La question se pose ainsi : « Dans cette réalité humaine, dans ce secteur connaissons-nous un homme qui pourrait assurer ce ministère ? »

Apparaît maintenant un autre besoin différent de l'orientation initiale donnée par les évêques de France au moment de la restauration du diaconat permanent. L'engagement du diacre pourrait se vivre, au titre du serviteur qu'il est (le diaconos) dans la communauté chrétienne qui a besoin d’un ministre. Il n'est pas là certes pour remplacer le prêtre mais son ordination le qualifie pour un service d’Église plus spécifique.

Dans cette perspective l’interpellation met plus l’accent sur le besoin de la communauté d’Église. Dans un article du journal La Croix du 29/10/2002, Bruno Chenu fait remarquer certaines ambiguïtés entre diverses définitions du diaconat élaborées ces dernières années. Il rappelle un texte œcuménique important, donnant la tonalité du diaconat qui doit se vivre dans toutes les Églises : « Les diacres représentent au sein de l’Église sa vocation de servante du monde. En menant un combat un nom du Christ parmi les innombrables nécessités de la société et des personnes, les diacres donnent l¹exemple de l¹interdépendance du culte et du service dans la vie de l’Église ».

Quelle réponse ?

Les étapes qui précèdent l’appel définitif de l’évêque se situent déjà dans le champ d’une réponse qui s’élabore progressivement. L’appel n’est pas qu’à la fin du parcours. Aujourd’hui la réponse de celui qui est interpellé se situe dans une certaine tension entre un ministère pour une présence au monde et un ministère pour la communauté chrétienne. La réponse ne peut que prendre en compte ces deux accents. C’est la tension salutaire que connaît l’Église pour vivre sa mission mais conclut Bruno Chenu : « Ce n¹est pas en confondant les vocations ou en remplaçant prêtre et laïcs responsables par le nouveau diacre, qu¹on préparera mieux l’avenir de l’Église ».