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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 17:40

Mgr André Collini a été archevêque de Toulouse. Voici plus de 40 ans, il avait participé aux travaux du concile Vatican II. Témoin privilégié du concile pour l’avoir vécu de l’intérieur, nous l’avions rencontré en 2003 pour qu’il nous partage ses souvenirs, ses convictions et ses espérances pour l’Eglise et pour le monde.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à participer au Concile Vatican II ?

 

Mgr COLLINI : C’est très simple ! C’est parce que j’ai été nommé évêque coadjuteur de l’évêque d’Ajaccio, Mgr Llosa quelques temps avant le concile. J’ai été ordonné le 7 octobre 1962 et le 11 octobre, je me retrouvais au concile, un petit peu éberlué de ce qui m’arrivait.

 

Quels étaient les sentiments qui vous habitaient en arrivant à Rome ?

 

Mgr COLLINI : J’étais un peu préparé, parce l’archevêque de Carthage en Tunisie faisait partie de la commission préconciliaire, et il avait donc des documents préparatoires. J’étais très inquiet car cette commission qui se tenait à Rome, composée surtout d’évêques de la Curie, avait envisagé un concile extrêmement court. Elle avait préparé des documents qu’il aurait suffi d’aménager un peu ; ils avaient déjà rédigé les textes du concile qu’ils nous demandaient de voter. La première chose qui s’est passé à Rome, a été de prendre des distances avec ces documents. On nous a donné huit jours par nationalité pour faire une liste des documents, des questions que nous voulions voir traiter. Le pape Jean XXIII, à partir de ces documents, a établi un programme pour ce concile. Il l’a suivi très peu puisqu’il est décédé le 3 juin suivant. On s’est demandé si le concile serait remis en cause. Paul VI dans une de ses premières interventions a confirmé son souhait de convoquer à nouveau le Concile Vatican II. Et le concile a duré jusqu’en 1965 !

 

Les questions proposées par les évêques ont-elles pu être globalement traitées ?

 

Mgr COLLINI : Globalement oui. On a élu une commission doctrinale, plusieurs commissions pour préparer les divers dossiers. Je tiens à souligner qu’il y a eu débat tout au long des sessions. Chaque schéma était débattu, et les amendements obligeaient d’attendre jusqu’au dernier moment pour  avoir une synthèse. 

 

Y a-t-il eu des moments délicats de tension ou d’émotion particulière dans les débats ou les sessions ?

 

Mgr COLLINI : Moins violente qu’on ne l’a dit ! L’ambiance était quelquefois un peu feutrée.  Ceux qui ont pris la parole portaient un message issu des réunions en conférence épiscopale : ce qu’on appelle ainsi aujourd’hui puisque ces conférences n’existaient pas encore ! Les évêques de France se réunissaient à St Louis des Français au sous sol chaque semaine pour mettre au point notre position sur les votes à émettre. L’assemblée des évêques de France est née là !

 

La Concile a ouvert de nombreux chantiers : dialogue œcuménique et relations interreligieuses ; réforme liturgique ; apostolat des laïcs ; rapport entre l’Eglise et le monde… Qu’est-ce qui vous paraît important dans le message de Vatican II ?

 

Mgr COLLINI : Je crois que c’est ce que Vatican II a dit sur l’Eglise elle-même ; une sorte de prise de conscience de l’Eglise non pas en tant qu’institution, mais en tant que mystère. La présence continuelle de l’Esprit à travers l’histoire : L’Eglise ce n’est pas « les curés » mais le peuple de Dieu ! Cette notion de peuple de Dieu est essentielle pour comprendre Vatican II. Cela paraît tout simple aujourd’hui, mais c’était neuf à l’époque ! Ainsi le premier grand document du concile  est capital (ndlr : la constitution dogmatique Lumen Gentium).

 

 

La redécouverte de la vocation baptismale, la place des laïcs dans la communauté chrétienne donne un nouveau visage à l’Eglise. Comment, à votre avis, l’Eglise progressera-t-elle dans la fidélité au Christ ?

 

Mgr COLLINI : Je ne suis pas prophète, je ne sais pas comment l’Eglise va progresser, mais je crois que quand on lit et relit les textes de Vatican II, on s’aperçoit qu’il y a des choses qui ont besoin d’être vécues, d’être exprimées et ré exprimées encore. Sur le plan institutionnel, bien des choses sont nées grâce au Concile. Dans chaque diocèse existe un conseil épiscopal, un conseil plus large avec des laïcs. L’esprit conciliaire est aujourd’hui mieux vécu dans l’Eglise locale. Grâce à un échange d’idées, un partage de responsabilités beaucoup plus grand  se vit aujourd’hui.

 

 

Qu’est-ce qui vous semble porteur d’espérance dans « l’Eglise et le monde de ce temps » ?

 

Mgr COLLINI : Certaines choses positives. Je pense qu’on peut se demander si il n’y aura pas, sur le plan de l’organisation, des réunions d’évêques plus nombreuses par continent, des synodes continentaux et avec des représentants des communautés chrétiennes, les synodes diocésains. L’esprit synodal est vraiment né avec le concile. Mais il y a des choses à améliorer encore ici ou là ! Toutes les églises locales n’ont pas encore fait cette expérience. Il y a même eu des tensions qui ont existé ou qui existent encore : des communautés qui se veulent catholiques se réunissent en opposition au concile, ce qui est à tout fait dommageable 

 

Vous avez vécu le concile. Dans son esprit et son élan, quelle invitation feriez-vous aux chrétiens ?

 

Mgr COLLINI : D’abord, je leur dirai que la voix du laïcat s’exprime dans la vie des diocèses. Il ne faut pas regarder en arrière. Il faut maintenant envisager comment se situer dans le monde de demain. Ce n’est pas facile à vivre quelquefois. Nous avons toujours en France la tentation de nous référer à un passé de chrétienté ou l’Eglise avait de l’influence. L’idée conciliaire, ce n’est pas cela. Etre présent, actif, ce n’est pas faire à côté des choses que l’on peut faire avec d’autres laïcs, d’autres membres du peuple de Dieu. J’étais évêque avant le concile. Je vois comment les rapports entre évêques et prêtres, prêtres et laïcs, religieux et religieuses ont évolué, comment un esprit de dialogue s’est instauré partout. Les évêques jeunes ne voient pas la différence avec ce que nous avons vécu auparavant. Ils n’imaginent pas que l’on ne puisse pas travailler en assemblée d’évêques. Les conférences épiscopales sont des sortes de « conciles en miniatures ». Elles n’ont pas la prétention d’avoir l’infaillibilité mais elles font avancer les choses ! Aujourd’hui, des expériences en témoignent !

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commentaires

T
bonjour Mgr Collini, était évêques de Toulouse il y a moins de 40 ans ! de mémoire, il l'était encore en 1995.<br /> <br /> bonne continuation
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